Caractère chaleureux ou compétence : Les parents accordent-ils plus d’importance à l’un qu’à l’autre en ce qui concerne les entraîneurs de sport de compétition pour les jeunes?
Jeudi, Avril 18, 2019 - 09:00
Les compétences et les caractères chaleureux sont deux des éléments fondamentaux sur lesquels nous jugeons souvent les autres (Kervyn, Bergsieker et Fiske, 2011). Des qualités telles que l’amabilité, la serviabilité, la sincérité, la loyauté et la moralité contribuent toutes au caractère chaleureux perçu d’une personne (Fiske, Cuddy et Glick, 2007). En revanche, des traits tels que l’intelligence, l’habileté, la créativité et l’indépendance contribuent aux compétences que l’on perçoit d’une personne.
Imaginez-vous à ceci : Vous allez à la patinoire pour la première pratique de hockey de votre enfant de la saison. Lorsque vous rencontrez l’entraîneur pour la première fois, quels traits de caractère – caractère chaleureux ou compétence – vous convaincront, en tant que parent, que cette personne est apte à entraîner l’équipe?
Les parents dans le sport des jeunes
Les parents investissent beaucoup de temps, d’argent et d’émotions dans les activités sportives de leurs enfants. Les rôles parentaux dans le sport des jeunes ont été identifiés en quatre catégories : supporteur, fournisseur, entraîneur et administrateur (Knight, Dorsch, Osai, Haderlie et Sellars, 2016). Par conséquent, la compréhension de l’information à laquelle les parents s’intéressent lorsqu’ils se font une idée des entraîneurs de sport de jeunes qu’ils n’ont jamais rencontrés a d’importantes répercussions sur les expériences sportives de leur enfant. Bien que les entraîneurs puissent certainement présenter à la fois des traits de compétence et un caractère chaleureux (c.-à-d. qu’il ne s’agit pas de caractéristiques qui s’excluent mutuellement), il est important de comprendre les caractéristiques que les parents préfèrent lorsqu’ils évaluent les personnes qu’ils veulent voir entraîner leur enfant.
Résultats de la recherche
Dans le cadre du projet de recherche, nous avons présenté à 211 parents de joueurs de hockey une histoire décrivant un entraîneur de sport de compétition de jeunes, puis nous leur avons demandé d’imaginer cette personne en tant qu’entraîneur pour l’équipe de leur enfant. Les parents ont lu une histoire sur l’entraîneur contenant : 1) seulement de l’information sur le caractère chaleureux de l’entraîneur (p. ex. personne gentille, sociable, extravertie); 2) seulement de l’information sur les compétences de l’entraîneur (p. ex. personne intelligente, travaillante, compétente); ou 3) une description généralement positive (p. ex. qui donne une impression globale très favorable) [Sutcliffe, Benson et Bruner, 2019]. Nous avons constaté que lorsque les parents recevaient uniquement de l’information sur le caractère chaleureux d’un entraîneur potentiel, ils percevaient celui-ci comme étant moins compétent que dans les cas où ils recevaient une description généralement positive.
Les parents ont également jugé que l’entraîneur était moins apte à entraîner l’équipe de leur enfant lorsqu’ils estimaient que celui-ci manquait de compétences, alors qu’un manque de traits chaleureux n’avait pas les mêmes conséquences. Il est possible que les parents soient sensibles au niveau de compétence d’un nouvel entraîneur potentiel parce que ces compétences pourraient aider ou entraver les objectifs de leur enfant au hockey.
Cette recherche a été menée dans un contexte compétitif (p. ex. hockey de représentation). D’autres recherches sont nécessaires pour voir si ces mêmes tendances se manifestent dans un contexte récréatif.
Principales conclusions
Selon les résultats ci-dessus, les parents, les entraîneurs et les administrateurs sportifs peuvent considérer ces éléments clés au début d’une nouvelle saison :
- Les parents devraient être encouragés à garder leur jugement jusqu’à ce que les entraîneurs aient eu suffisamment d’occasions d’adopter un comportement à la fois pédagogique et interpersonnel. Pour atténuer toute perception erronée, les entraîneurs devraient envisager de tenir une réunion au début de la saison afin d’améliorer la compréhension des parents des philosophies d’équipe et d’établir une relation de coopération et de soutien.
- Bien que les parents soient sensibles à l’absence de traits de compétence, le caractère chaleureux d’un entraîneur peut être plus important à long terme. Étant donné que ce trait de personnalité favorise l’accessibilité et sert de fondement à une relation positive entre l’entraîneur et les athlètes (Jowett et Cockerill, 2003), il ne serait pas bon de croire que les caractéristiques chaleureuses ne sont pas pertinentes pour les entraîneurs dans un contexte sportif pour les jeunes.
- On devrait envisager d’intégrer le développement des habiletés aux entraînements pour aider les entraîneurs à donner une première impression positive aux parents.
- Étant donné que le comportement inacceptable de parents (p. ex. l’agression verbale marginale) est devenu un sujet de plus en plus d’actualité dans le sport chez les jeunes (Tamminen, Poucher et Povilaitis, 2017), les parents pourraient être moins enclins à se fâcher s’ils croient faire affaire avec un entraîneur compétent (Smoll, Cumming et Smith, 2011).
À propos de l’auteur
Jordan Sutcliffe est étudiant à la maîtrise à l’Université de Nipissing. Ses intérêts de recherche comprennent la participation des parents au sport des jeunes, le développement positif des jeunes et la santé mentale. Ayant grandi en tant qu’échantillonneur sportif passionné, M. Sutcliffe a terminé sa carrière sportive en 2015 après avoir joué trois saisons avec l’équipe universitaire de football de l’Université d’Ottawa. Il aime maintenant passer son temps libre à entraîner le football des jeunes et le soccer de base.
L’auteur souligne la collaboration de M. Alex Benson, de M. Mark Bruner et du Conseil de recherches en sciences humaines (subvention Savoir du CRSH 435-2-16-0591) à ce projet de recherche.
Références
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Fiske, S. T., Cuddy, A. J. et Glick, P. (2007). Universal dimensions of social cognition: Warmth and competence. Trends in Cognitive Sciences, 11, 77-83. doi:10.1016/j.tics.2006.11.005
Jowett, S. et Cockerill, I. M. (2003). Olympic medalists’ perspective of the athlete–coach relationship. Psychology of Sport and Exercise, 4(4), 313-331. doi:10.1016/S1469-0292(02)00011-0.
Kervyn, N., Bergsieker, H. B. et Fiske, S. T. (2012). The innuendo effect: Hearing the positive but inferring the negative. Journal of Experimental Social Psychology, 48(1), 77 à 85. doi:10.1016/j/jesp.2011.08.001.
Knight, C. J., Dorsch, T. E., Osai, K. V., Haderlie, K. L. et Sellars, P. A. (2016). Influences on parental involvement in youth sport. Sport, Exercise, and Performance Psychology, 5(2), 161-178. doi:1037/spy0000053.
Smoll, F. L., Cumming, S. P. et Smith, R. E. (2011). Enhancing coach-parent relationships in youth sports: Increasing harmony and minimizing hassle. International Journal of Sports Science & Coaching, 6(1), 13 à 26. doi:10.1260/1747-9541.6.1.13.
Sutcliffe, J. T., Benson, A. J. et Bruner, M. W. (2019). Parents value competence more than warmth in competitive youth ice hockey coaches: Evidence based on the innuendo effect. Psychology of Sport and Exercise, 43, 82 à 89.
Tamminen, K. A., Poucher, Z. A. et Povilaitis, V. (2017). The car ride home: An interpretive examination of parent–athlete sport conversations. Sport, Exercise, and Performance Psychology, 6(4), 325. doi:10.1037/spy0000093.