Enseigner ou passer à l’action? Les meilleurs joueurs deviennent-ils les meilleurs entraîneurs?
Mercredi, Mars 23, 2016 - 09:00
Comme le dit un vieil adage, il y a ceux qui enseignent et ceux qui passent à l’action. Dans le monde du sport, on compte de grands athlètes et de grands entraîneurs. Mais est-il possible d’être efficace dans ces deux rôles? Les meilleurs athlètes deviennent-ils de bons entraîneurs?
Les athlètes très compétents font preuve d’excellence dans leur sport, mais ils peuvent avoir de la difficulté à communiquer comment ils performent aussi bien. Très souvent, les meilleures performances se produisent dans un état de flow presque inconscient, ce qui signifie qu’un athlète peut ne pas se rappeler précisément comment il est arrivé à cette performance. Par conséquent, l’athlète peut avoir de la difficulté à montrer ces compétences à une autre personne (Beiolck, 2010).
Tel que l’a écrit l’animatrice anglaise et ancienne sprinteuse olympique Katharine Merry dans un blogue en 2009, les expériences compétitives et les connaissances du sport ne font pas l’unisson. Elle ajoute qu’un bon entraînement permet aux athlètes de comprendre leurs compétences et de se sentir outillés pour suivre un plan leur permettant d’atteindre leurs objectifs.
Les athlètes élites pourraient avoir de la difficulté à :
- comprendre les éléments clés permettant de motiver les athlètes moins doués qu’eux;
- donner des explications et des instructions claires;
- écouter et communiquer clairement;
- rester patients, équitables et constants.
Cependant, si on revient au cas de la sprinteuse anglaise Katharine Merry, elle mentionne qu’il y a de bons entraîneurs qui ont été en mesure joindre des années d’expérience comme joueurs à des années en tant qu’entraîneurs pour ainsi faire une transition réussie. En effet, certains anciens athlètes élites, tant au Canada qu’à l’échelle internationale, ont fait cette transition. Les patineurs artistiques Brian Orser et Shae-Lynn Bourne, les champions olympiques en athlétisme Glenroy Gilbert et le Brésilien Joaquim Cruz, ainsi que la vedette de soccer notable Zinedine Zidane de la France (récemment nommé entraîneur-chef du Real Madrid) font partie des grands performeurs qui sont aujourd’hui entraîneurs grâce à leur expérience d’athlète. Un autre coureur élite à la retraite moins bien connu a récemment mené l’équipe masculine de cross-country de l’Université de Syracuse à son premier championnat de la NCAA depuis 1951. En effet, Chris Fox est entraîneur de l’équipe de Syracuse depuis 10 ans, et il était lui-même un coureur de distance professionnel accompli pendant près de deux décennies. Lors d’une récente entrevue, il a déclaré : « Je tire profit de mes expériences, tant les bonnes que les mauvaises, et j’en parle pour développer des idées que je veux que les gars retiennent ».
Comment le mentionnent Hoogestraat, et al (2014), les expériences de sport élite sont précieuses et doivent être accompagnées par une solide base de formation d’entraîneur si un athlète veut faire le lien entre le jeu sur le terrain et le rôle d’entraîneur. Bien que certains athlètes aient de la difficulté à transférer leur expérience vers l’entraînement, d’autres y sont parvenus. Et de toute évidence, être au sommet du classement aide à orienter les forces des entraîneurs pour faire sortir le meilleur des aspirants athlètes. Pour être un bon entraîneur, il faut :
- être en mesure d’apprendre à connaître et de comprendre les athlètes en tant que personnes;
- faire preuve de souplesse et d’ouverture d’esprit;
- être un bon communicateur;
- être un étudiant du sport;
- avoir vraiment à cœur le bien-être des athlètes;
- être en mesure d’équilibrer ambition, patience et bonne planification.
Au final, il y a peut-être bien ceux qui passent à l’action et ceux qui enseignent, mais dans le monde du sport, l’expérience et les connaissances n’ont pas à être mutuellement exclusives.
Références :
Beiolck, Sian. “The Best Players Rarely Make the Best Coaches”. Psychology Today blog, August 16, 2010. Accessed online, January 18, 2016. https://www.psychologytoday.com/blog/choke/201008/the-best-players-rarely-make-the-best-coaches
“Chris Fox – November 2015”. An interview. GaryCohenRunning.com. Accessed online, January 20, 2016. www.garycohenrunning.com/Interviews/Fox.aspx
Hoogestraat, Fran M., Phillips, Michael B., Rosemond, LaNise. “Do Elite Athletes Automatically Make Elite Coaches?” Olympic Coach, Vol. 25, Issue 1, 2014. http://www.teamusa.org/About-the-USOC/Athlete-Development/Coaching-Education/Coach-E-Magazine
Merry, Katharine. “Do Former Athletes Make the Best Coaches?” BBC blog, April 9, 2009. Accessed online, January 20, 2016. www.bbc.co.uk/blogs/katharinemerry/2009/04/do_those_who_have_been.html
A propos de l'auteur
Jason Dunkerley a représenté fièrement le Canada lors de quatre Jeux paralympiques au cours desquels il a remporté cinq médailles en athlétisme distance moyenne contre d’autres coureurs aveugles. Il est membre de l’équipe paralympique nationale depuis 1998. Lorsqu’il n’est pas en train de courir sur la piste, Jason fait la promotion de l’activité physique inclusive, afin que plus de personnes handicapées aient le goût de s’investir dans l’activité physique. Avec son coureur guide Josh Karanja, Jason espère représenter le Canada aux Jeux paralympiques de Rio de Janeiro en 2016.