L’inclusion des enfants et des jeunes handicapés dans les Directives en matière de mouvement sur 24
Mardi, Décembre 3, 2019 - 09:00
La pratique régulière d'une activité physique, le fait de dormir suffisamment et la limitation du temps d'inactivité sont des prescriptions bien connues et fondées sur des données probantes pour la promotion de la santé et du bien-être en général (Tremblay et coll., 2016). En fait, les Directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures pour les enfants et les jeunes (de 5 à 17 ans), qui regroupent les besoins quotidiens fondés sur des données probantes en matière d'activité physique, d'inactivité et de sommeil en une seule ressource complète, recommandent ce qui suit :
- Au moins 60 minutes d'activité physique par jour d'intensité modérée à vigoureuse;
- Plusieurs heures d'activités physiques « légères » structurées ou non structurées;
- Sommeil ininterrompu, de 8 à 11 heures par nuit, selon l'âge de l'enfant ou de l'adolescent;
- Moins de deux heures d'écran récréatif par jour.
Les Directives utilisent le slogan Suer, bouger, dormir, s’asseoir, et ont un logo en forme de 4 pour représenter un nouveau paradigme de mouvement qui met l'accent sur l'intégration de tous les comportements de mouvement se produisant sur une journée entière : activité physique modérée à vigoureuse (suer), activité physique légère (bouger), sommeil et comportements sédentaires (s’asseoir). Mais qu'en est-il des enfants et des adolescents qui ne peuvent pas se tenir debout, marcher ou transpirer? Les Directives ne comprennent aucune recommandation fondée sur des données probantes pour les enfants et les jeunes ayant un handicap.
Tenir compte des habitudes de mouvement des enfants et des jeunes handicapés
Pour combler cette lacune, une équipe de chercheurs de l'Université Queen's et de l'Université de la Colombie-Britannique a entrepris d'en apprendre davantage sur l'inclusivité potentielle des Directives visant à « Suer, bouger, dormir, s’asseoir » et sur la façon dont la ressource peut être adaptée aux enfants et adolescents de toutes capacités. Handler et ses collègues (2019) ont interrogé 15 mères d'enfants et de jeunes âgés de 6 à 17 ans atteints de diverses déficiences physiques et intellectuelles sur leur perception des lignes directrices et sur la question de savoir si elles les considèrent comme inclusives ou non. (Ils ont également tenté d'interviewer les pères, mais aucun n'a répondu aux efforts de recrutement). Voici un aperçu de leurs conclusions :
- Un seul participant savait qu'il existait des directives sur les déplacements 24 heures sur 24 pour les enfants et les jeunes avant de participer à l'étude.
- Les participants ont aimé que les Directives pour chaque comportement de mouvement soient regroupées en une seule ressource complète.
- Bien que la plupart des participants aient trouvé les Directives simples à comprendre, les participants ont eu de la difficulté à les appliquer; par exemple, ils ne savaient pas comment les adapter à l'état ou à la déficience particulière de leur enfant, ou comment faire la différence entre les diverses intensités d'activité physique.
- De plus, les participants estimaient que les Directives étaient largement incompatibles avec les capacités, les besoins et les expériences des enfants et des jeunes handicapés. Par exemple, la transpiration n'est pas une fonction biologique chez certains types de handicaps, et faire des pas exige la capacité de marcher. Le terme « s’asseoir » et l'énoncé de la directive qui limite le fait de s’asseoir pour des périodes prolongées ont été particulièrement controversés chez les mères d'enfants en fauteuil roulant.
- Afin d'accroître la compatibilité des Directives, de nombreux participants ont insisté sur la nécessité de reconnaître les différences potentielles qui existent d'un enfant à l'autre dans la ressource.
- Enfin, les participants ont suggéré la nécessité de réviser la ressource pour la rendre plus inclusive pour les enfants et les jeunes ayant un handicap, et ont formulé des recommandations à cet égard.
Présentation de la trousse d'outils sur les aptitudes
Sur la base de ces résultats, l'équipe de recherche, en consultation avec les parents d'enfants et de jeunes ayant un handicap, a élaboré la Boîte à outils sur les aptitudes – une ressource qui traduit les recommandations fondées sur des données probantes contenues dans les Directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures pour les enfants et les jeunes en un outil pratique pour les parents d'enfants et adolescents ayant un handicap. Dans la Boîte à outils, les utilisateurs reçoivent de l'information qui les aidera à adapter les Directives aux capacités de mouvement uniques des personnes ayant un handicap, quel qu'il soit.
Par exemple, lorsque les différents types de comportements de mouvement sont décrits dans la Boîte à outils sur les aptitudes, l'énoncé suivant est fourni : Tout le monde est différent, donc la même activité peut tomber dans des catégories différentes pour des enfants différents. Des exemples d'activités adaptées (p. ex. marcher, courir, rouler) et d'équipement (p. ex. ergomètre du bras, ballon sonore) sont énumérés dans la Trousse pour aider les parents à trouver quelque chose qui fonctionne pour leur enfant ou leur jeune et qui lui plaît.
Voici des exemples précis d'adaptations pour chaque comportement de mouvement quotidien :
- Suer : La Boîte à outils définit les activités physiques modérées à vigoureuses comme étant celles qui exigent un effort physique. Les enfants et les jeunes se sentiront fatigués et respireront plus difficilement qu'à la personne accoutumée. Malgré l'étiquette, la Boîte à outils indique que ce ne sont pas tous les enfants ou les adolescents qui transpirent pendant ces activités.
- Bouger : La Boîte à outils explique que les activités physiques légères exigent peu d'efforts et n'essouffleront pas les enfants ou les adolescents. De plus, les parents sont informés que leur enfant n'a pas besoin de bouger la partie inférieure de son corps pour effectuer ces activités; le mouvement d'une ou de plusieurs parties du corps peut compter comme une activité physique légère.
- Dormir : La Boîte à outils indique que plus un enfant ou un adolescent s'approche du nombre d'heures de sommeil recommandé par nuit et moins il y a d'interruptions, plus les avantages seront importants.
- S’asseoir : La Boîte à outils précise que les positions assises ne sont pas toujours sédentaires et demande aux parents d'enfants en fauteuil roulant de changer de position assise ou inclinée. En général, les parents sont encouragés à faire de courtes pauses de mouvement tout au long de la journée et à limiter le temps consacré aux écrans de loisirs.
La Boîte à outils sur les aptitudes est une ressource fondée sur des données probantes qui ouvre la voie à des directives plus inclusives en matière de mouvement sur 24 heures pour les enfants et les jeunes. Néanmoins, le besoin de données probantes et de statistiques à jour sur les handicaps pose un défi de taille à l'élaboration de ressources fondées sur la recherche pour les enfants et les jeunes ayant un handicap. Jusqu'à ce que d'autres recherches soient effectuées, des produits comme la Boîte à outils sur les aptitudes offrent des solutions de rechange inclusives pour soutenir les familles dans la collectivité des personnes handicapées.
Ressources (à télécharger gratuitement)
Directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures pour les enfants et les jeunes
Trousse d'outil sur les capacités
Références
Handler, L., Tennant, E.M., Faulkner, G. et Latimer-Cheung, A. E. (2019). Perceptions of inclusivity: The Canadian 24-Hour Movement Guidelines for Children and Youth. Adapted Physical Activity Quarterly, 36(1), 1 à 18. http://doi.org/10.1123/apaq.2017-0190
Tremblay, M.S., Carson, V., Chaput, J.P., Connor Gorber, S., Dinh, T., Duggan, M., … Zehr, R. (2016). Canadian 24-Hour Movement Guidelines for Children and Youth: An integration of physical activity, sedentary behaviour, and sleep. Applied Physiology, Nutrition, and Metabolism, 41, S311 à S327. https://doi.org/10.1139/apnm-2016-0151
À propos de l'auteur
Veronica Allan est boursière postdoctorale à l'École de kinésiologie et des sciences de la santé de l'Université York. Elle détient un doctorat en psychologie du sport de l'Université Queen's et a récemment obtenu le Munk Fellowship in Global Journalism de l'Université de Toronto. Son programme de recherche est axé sur la compréhension et l'optimisation des expériences sportives et du développement des athlètes ayant un handicap.