LIEN ENTRE LE MODE DE VIE AXÉ SUR LES LOISIRS DES ATHLÈTES AMATEURS ET L’ABANDON DU SPORT
Mercredi, Mai 18, 2016 - 09:05
Le Centre de documentation sur le sport (SIRC) est heureux de collaborer avec Sport Canada à la mise en commun des recherches en cours sur des sujets qui contribuent à orienter les politiques et à promouvoir l’élaboration de programmes de sport de grande qualité. Cette semaine, nous vous faisons part des points saillants dégagés d’un article récent qui porte sur le LIEN ENTRE LE MODE DE VIE AXÉ SUR LES LOISIRS DES ATHLÈTES AMATEURS ET L’ABANDON DU SPORT.
Leisure Lifestyle and Dropout: Exploring the Experience of Amateur Athletes in Competitive Sport. MacCosham, Bradley; Patry, Philippe; Beswick, Colleen; Gravelle, François. (2015). International Journal of Sport Management, Recreation & Tourism 20(b), 20-39.
(Texte en anglais seulement)
Points saillants de la recherche du SIRC
Une étude de cas a été menée auprès de dix anciens athlètes amateurs de niveaux compétitifs issus de différentes disciplines sportives (hockey, bobsleigh, arts martiaux, soccer, natation). L’étude comprenait des entrevues semi-structurées et une analyse thématique et visait à examiner le lien entre le mode de vie axé sur les loisirs des athlètes amateurs et leur abandon du sport de compétition. Les athlètes ayant participé à cette étude visaient la compétition élite de haut niveau (p. ex., semi-professionnelle, professionnelle, nationale et Jeux olympiques), mais ont cessé de pratiquer leur sport avant d’atteindre leur but. Trois questions ont permis de recueillir des renseignements sur la façon dont les athlètes de compétition perçoivent le sport et un mode de vie équilibré : (1) Les athlètes amateurs perçoivent-ils leur mode de vie axé sur les loisirs comme étant un facteur de l’abandon de leur sport?; (2) Quelle est la place des loisirs de tous les jours dans la carrière sportive des athlètes amateurs? (3) De quelle façon le mode de vie axé sur les loisirs des athlètes amateurs influe-t-il sur leur perception du sport? Les constatations ont été regroupées sous ces trois thèmes.
Perception du mode de vie axé sur les loisirs avant l’abandon du sport
Les commentaires des participants démontrent qu’ils considéraient leur participation au sport de compétition comme étant l’élément central de leur mode de vie occupant la plupart de leur temps libre. Les participants ont indiqué qu’il était extrêmement difficile d’avoir des loisirs de tous les jours, autres que leur sport, en raison des demandes associées à l’entraînement et à la compétition, et que leur mode de vie était devenu moins optimal parce qu’ils négligeaient l’équilibre avec les activités de loisirs de tous les jours. Cela a entraîné une perception d’un déséquilibre relatif à leur mode de vie axé sur les loisirs avant leur abandon du sport de compétition. Ce qui a souffert le plus du manque de temps pour les activités de loisirs de tous les jours était l’aspect social, aussi considéré comme étant le facteur le plus important de leur mode de vie axé sur les loisirs, car pour les participants, l’aspect social des loisirs de tous les jours constituait un facteur important contribuant à équilibrer leur mode de vie. Cette perception s’accentuait au fur et à mesure qu’augmentaient les demandes du sport pour atteindre les niveaux de jeu le plus élevés.
Participation à des activités de loisirs de tous les jours
Même si les participants considéraient leur mode de vie axé sur les loisirs comme n’étant pas équilibré par rapport à leur sport et aux autres activités qui les intéressaient, ils reconnaissaient l’importance de la participation à des activités de loisirs de tous les jours à l’extérieur de leur sport. Ils étaient conscients du fait que lorsqu’ils arrivaient à intégrer l’aspect social des loisirs de tous les jours dans leur horaire, ils en tiraient des avantages. Ils ont indiqué que le soutien social était essentiel pour les aider à faire face aux difficultés et aux défis associés à leur carrière sportive. Ils considéraient également l’aspect social comme étant une manière de s’évader pendant les périodes difficiles ou stressantes, puisqu’il leur permettait d’arrêter pour un moment de penser à leur sport et contribuait à leur bien-être. Par ailleurs, quelques participants percevaient aussi les déplacements comme un aspect important des loisirs de tous les jours puisqu’ils offraient un mécanisme d’adaptation et leur permettaient de s’évader. Les déplacements ont aussi été identifiés comme un mécanisme d’adaptation après l’abandon du sport. D’autres participants ont indiqué qu’entreprendre des sports autres que leur sport de compétition avait aussi été un outil d’adaptation utile. Dans l’ensemble, malgré le fait qu’ils devaient sacrifier des activités des loisirs de tous les jours, les participants ont indiqué que lorsqu’ils pouvaient s’y adonner, elles les aidaient à s’adapter, à se ressourcer, à voir les choses d’un autre œil, à s’évader et à assurer leur bien-être.
Mode de vie axé sur les loisirs et perception du sport
À la suite de l’abandon de leur sport de compétition, les participants considéraient leur mode de vie comme étant beaucoup plus équilibré, plus près d’un mode de vie axé sur les loisirs optimal. Le fait de poursuivre de façon récréative le sport auquel ils s’adonnaient au niveau compétitif a contribué à changer leur perspective de ce sport à cause de leur mode de vie plus équilibré. Avec plus de temps devant eux et moins de pressions liées au sport, les participants avaient pour lui un intérêt renouvelé. Certains avaient une perception négative ou du ressentiment envers leur sport avant de l’abandonner, et à la suite de l’abandon, le fait de pouvoir le pratiquer de façon plus occasionnelle leur a redonné une perspective positive, et ce, même s’ils n’avaient pas atteint leur objectif de le pratiquer au niveau élite.
En général, les participants ont fourni les raisons suivantes comme facteurs ayant accentué leur souhait de cesser le sport de compétition : avoir été retranché de l’équipe, être en conflit avec leur entraîneur et des membres de l’organisation, être dépassé et manquer de temps pour soi. Les transitions se sont aussi avérées être un facteur dans l’abandon du sport de compétition; dans la présente étude, la transition du niveau junior au niveau sénior et les difficultés à s’adapter ont influé sur les décisions en ce sens. La participation occasionnelle à des activités de loisirs de tous les jours (voyages, autres sports, conversations avec des amis et de la famille) était perçue comme étant des mécanismes efficaces pour établir un équilibre avec tout l’investissement requis pour le sport de compétition. Les activités de loisirs de tous les jours étaient aussi jugées utiles aux fins de la régénération, soit pour réduire le stress et s’évader. Les relations sociales étaient aussi utilisées comme mécanisme d’adaptation lorsque les athlètes vivaient des périodes difficiles.
Suggestions pour approfondir l’étude :
- Perception qu’ont les athlètes de leur mode de vie axé sur les loisirs pendant leur carrière sportive. Comment les entraîneurs et les décideurs s’y prennent pour élaborer des cadres visant à développer les athlètes amateurs et les DLTP/A? Quelle est l’importance des valeurs des athlètes en dehors du sport?
- Inclusion des loisirs de tous les jours comme moyen de prévenir l’abandon du sport de compétition, y compris mesurer les avantages des loisirs et les pratiques exemplaires pour faciliter les loisirs dans les programmes de sport compétitif.
- Examen approfondi de la formation et des horaires de compétition des athlètes de niveau compétitif en vue de créer un environnement favorisant l’équilibre entre le sport de compétition et les activités axées sur le bien-être.