Il faut qu’on parle de santé mentale

Author: 
Audrey Lacroix, Plan de match

Mercredi, Janvier 30, 2019 - 07:00

La vie d’athlète de haut niveau est faite de hauts et de bas. Il y a les succès et les échecs, le stress et la pression, les nombreux questionnements, les blessures, les journées où l’on est entouré de plusieurs personnes suivies de moments où l’on se retrouve seul. Bref, beaucoup d’émotions peuvent se succéder, parfois dans un court intervalle de temps. Parfois, c’est trop.

Au cours de la dernière année, plusieurs athlètes canadiens ont ajouté leur voix aux vedettes internationales afin de sensibiliser et de briser la stigmatisation associée à la santé mentale. La patineuse artistique Gabrielle Daleman, l’athlète de surf des neiges Mercedes Nicoll, et le joueur de parahockey Kevin Rempel, pour n’en nommer que quelques-uns, ont partagé leurs histoires personnelles concernant la santé mentale. Au sein de la société en général, il y a eu un changement de mentalité qui a rendu l'aide plus accessible. Toutefois, dans le milieu du sport, la sensibilisation et le soutien aux personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale doivent encore s’améliorer.

La santé mentale touche tout le monde

La conseillère du Plan de match Lisa Hoffart, aussi psychologue agréée (provisoire) et conseillère en performance mentale, explique que la santé mentale est un continuum : « Nous ne sommes pas soit en santé ou soit malade. Souvent, sans avoir un problème de santé mentale nécessitant un diagnostic, nous pouvons bénéficier d’une aide, tout simplement parce que nous n’allons pas aussi bien que l’on devrait. »

Exemples d’enjeux touchant les athlètes

La santé mentale, au même titre que la santé physique, devrait faire partie des priorités des athlètes. Ces derniers peuvent faire l’expérience de différents enjeux qui, sans être très graves, peuvent nuire à leur bien-être. Selon Lisa Hoffart, certains exemples sont fréquents dans la communauté sportive : « Beaucoup d’athlètes ont la sensation d’être submergés de choses à faire, mais d’être incapable d’agir. Ils se figent devant la multitude de tâches à accomplir et sont incapables de prendre des actions pour remédier à la situation. Ils vivent alors beaucoup d’anxiété, mais ça ne signifie pas qu’ils ont tous un trouble anxieux. »

Un autre exemple de symptôme courant, mais dont l’incidence sur le bien-être est sous-estimée, est de se sentir mal, abattu ou déprimé sans pouvoir en identifier clairement la cause. « Alors que ça va bien dans leur vie et qu’ils devraient dans des circonstances normales se sentir heureux, ils ressentent du malaise, ils ne rient plus aussi souvent, ils sont parfois irritables ou colériques de façon inhabituelle pour eux », explique Hoffart, « Ce sont des signes que mentalement, quelque chose ne va pas aussi bien que ça devrait ».

Parler à quelqu’un peut aider à comprendre ce qui se passe et ce qui ne va pas. « Aborder le problème le plus tôt possible fera en sorte que, grâce à de l’aide, vous pourrez corriger la situation avant que le problème ne devienne plus important », mentionne Hoffart, encourageant les athlètes à verbaliser leurs symptômes.

Comment ça va?

Vous avez remarqué que votre coéquipier(ère), ami(e), ou amoureux(se) n’a pas l’air bien ces derniers temps? Vous vous demandez comment agir? Selon Lisa Hoffart, la première chose à faire est de nous questionner sur ce qui a changé dans leur comportement et sur ce qui nous a alertés dans ces changements. Sont-ils plus distants, tristes ou agressifs? Ont-ils pris ou perdu du poids? La deuxième étape est de parler avec eux. Demandez-leur d’abord « Comment ça va? », puis parlez-leur de vos observations et du fait que vous vous préoccupez de leur santé mentale. En exprimant vos préoccupations et en créant un espace d’écoute, vous ferez en sorte que cette personne sera plus susceptible de parler de leurs expériences.

Conseils pour les athlètes aux prises avec des problèmes de santé mentale

Si vous vous sentez stressé, anxieux ou déprimé :

  • Portez une attention à votre alimentation, votre hydratation et votre sommeil. Vos habitudes de vie ont une incidence importante sur votre état mental.
  • Essayez d’avoir une rencontre de qualité avec une personne qui vous fait sentir bien. Nous avons tendance à surutiliser les médias sociaux et les courriels pour communiquer. Rencontrer quelqu’un en personne ou même par téléphone peut aider à nous remonter le moral.
  • Faites quelque chose qui vous rend heureux. Cela peut être des activités toutes simples comme lire, écouter votre musique préférée, dessiner. Prenez un moment pour vous.
  • Mettez l’emphase sur ce que vous faites bien. Notre concentration, et c’est particulièrement vrai dans le cas des athlètes, va sur ce que nous percevons comme des problèmes, sur ce que nous tentons de corriger. Nous en oublions ce qui nous rend heureux, ce qui est positif dans notre vie.
  • Arrêtez de vous comparer. Tout le monde répond de façon différente au stress. Apprenez à identifier les situations stressantes pour vous et à comprendre ce qui vous aide à diminuer votre stress. De la même façon qu’il y a plusieurs façons de se préparer à une compétition, il y a plusieurs manières de gérer le stress. Trouvez ce qui fonctionne pour vous.
L’intervention préventive

La plupart des gens consultent un médecin pour des examens réguliers de leur santé physique. La même approche devrait être utilisée pour notre santé mentale. Un spécialiste de la santé mentale devrait faire partie de l'équipe de soutien de base d'un athlète. Elle ne devrait pas être seulement une personne consultée dans des situations extrêmes de dépression clinique ou de troubles anxieux.

Comme l’explique Lisa Hoffart : « Vous pouvez consulter un spécialiste en santé mentale pour une variété de symptômes. Ça ne signifie pas que vous souffrez d’une maladie mentale, vous faites peut-être tout simplement face à un enjeu de santé mentale. »

Ce n’est pas un signe de faiblesse de prendre soin de sa santé mentale et de demander de l’aide. En tant qu’athlètes, nous avons l’habitude de cacher notre douleur, nous voulons avoir l’air forts, parfaits et donner l’impression que nos prouesses sportives sont faciles. Toutefois, nous savons tous que derrière les performances, il y a des efforts, des difficultés, des échecs, parfois quelques larmes. Prendre soin de sa santé mentale est l’un des aspects qui aident à mieux performer, dans le sport, mais aussi dans la vie.

Rappelez-vous : Plan de match peut vous aider

Le programme Plan de match, mis au point par Deloitte, est le programme de mieux-être global des athlètes canadiens qui vise à aider les athlètes des équipes nationales à vivre une vie meilleure et plus enrichie. Le programme aide à développer des athlètes mentalement plus forts qui mettent en pratique ce qu'ils ont appris en tant que leaders dans le sport pour leur propre bien-être et celui de leur communauté.

Le but de Plan de match est de vous aider avant tout. Nous collaborons avec nos partenaires du système sportif afin de trouver des manières d’aider l’athlète, en respectant sa position et sans nous imposer.

Plan de match offre un certain nombre de ressources liées à la santé mentale :

  • Une ligne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, dédiée à la santé mentale et au mieux-être avec Morneau Shepell pour les athlètes.
  • Des liens avec une variété de professionnels de la santé pour les athlètes qui ont d'autres types de soutien.
  • Une série de webinaires sur la santé, qui comprend des sujets comme l'anxiété, le lien entre le corps et l'esprit, la pleine conscience et plus encore.
  • Une formation de sensibilisation à la santé mentale pour le personnel en contact avec les athlètes.
  • Un soutien à la transition pour les athlètes récemment retraités ou sur le point de l'être afin de les aider à examiner leur identité au-delà du sport.

 

À propos de l’auteur

Audrey Lacroix a été membre de l’équipe nationale de natation pendant 16 ans et a participé aux Jeux olympiques à trois reprises (2008, 2012, 2016). Passionnée des communications, elle est rédactrice et gestionnaire des médias sociaux pour le Parc olympique de Montréal, l’Institut national du sport du Québec et le programme Plan de match. Audrey est également conférencière au sein de Jouez Gagnant, un programme visant à promouvoir les bienfaits du sport chez les jeunes.