LA PARTICIPATION DES COLLECTIVITÉS AU DÉVELOPPEMENT DE L’ATHLÈTE.

Mercredi, Novembre 11, 2015 - 08:30

Le Centre de documentation sur le sport (SIRC) est heureux de collaborer avec Sport Canada à la mise en commun des recherches en cours sur des sujets à l’appui des politiques et des programmes de sport de qualité. Cette semaine, nous vous faisons part des points saillants d’un article récent qui examine LA PARTICIPATION DES COLLECTIVITÉS AU DÉVELOPPEMENT DE L’ATHLÈTE.

The influence of community on athletic development: an integrated case study.

Balish, S., et Côté, J. (2014). Qualitative Research in Sport, Exercise & Health, 6(1), pp. 98-120.

Points saillants de la recherche du SIRC

Dans cette étude exploratoire, les auteurs se sont servis d’une étude de cas faite dans une collectivité du Canada (Lockeport, en Nouvelle‑Écosse) qui, dans le passé, a produit des athlètes et des équipes couronnées de succès, pour examiner les interactions entre l’influence des processus communautaires et le développement individuel des athlètes. Des entrevues ont été menées auprès de divers groupes de résidents qui représentaient une variété de rôles au sein du sport dans la collectivité : des athlètes, des entraîneurs, des parents, des leaders communautaires, des enseignants, etc. Une analyse du contenu des entrevues a été effectuée et les thèmes communautaires suivants ont été relevés :

Thème 1 – Expériences de développement : Expériences individuelles directes qui influencent le développement de l’athlète.

                Sous-thèmes :

  1. Jeux et pratiques dirigés par les jeunes – On a relevé de nombreuses occasions de faire des activités de loisirs extérieures et de passer beaucoup de temps au gymnase communautaire. Des jeux « improvisés » et non organisés ont eu lieu avant et après l’école, auxquels participaient des jeunes d’âges différents. Des entraîneurs et des enseignants ont donné accès à l’installation intérieure, mais les activités étaient dirigées par les jeunes les plus âgés, et les plus jeunes athlètes étaient invités à participer. « Les athlètes, les entraîneurs et les parents ont souligné que “l’ouverture du gymnase” était une composante essentielle du développement de l’athlète.
  2. Entraînements dirigés par les adultes – Des athlètes ont participé à des activités organisées de basketball, de soccer et de baseball, à partir de l’âge de 8 à 10 ans. Les équipes masculines et féminines étaient saisonnières, sans chevauchement et structurées par des adultes, avec des pratiques et des compétitions officielles contre des équipes des collectivités environnantes. En raison du nombre relativement peu élevé de jeunes dans la collectivité, des « appels » entre l’école élémentaire et secondaire de premier cycle, de même qu’entre l’école secondaire de premier cycle et l’école secondaire de deuxième cycle, ont eu lieu régulièrement pour promouvoir le développement des athlètes. Des camps d’été et de soccer auxquels participaient des entraîneurs de l’extérieur de la collectivité faisaient également partie des caractéristiques.
  3. Compétitions dirigées par les adultes – Les entraîneurs ont activement cherché à créer des compétitions avec des équipes talentueuses d’autres collectivités à partir de l’âge de 8 à 10 ans. Les athlètes et les entraîneurs y accordaient de l’importance afin de permettre aux athlètes de compétitionner avec des adversaires de qualité supérieure et plus âgés.

Thème 2 – Influences de la collectivité : Influences indirectes de la structure physique et sociale de la collectivité sur le développement de l’athlète.

Sous-thèmes :

  1. Milieu établi – Comme il s’agit d’une petite collectivité, la majorité des jeunes vivent à distance de marche des aires de loisirs extérieures qui servent de lieux de rassemblement populaires. Le seul gymnase est situé dans l’école secondaire et est utilisé pour la pratique de sports populaires et la tenue d’activités culturelles. Bien que ce ne soit pas tous les participants à l’étude qui soient d’accord avec la qualité des espaces, ils sont d’accord avec le fait que ces espaces sont accessibles et que ces espaces « contribuent de façon importante à l’identité de la collectivité ».
  2. Relations sociales – Comme il s’agit d’une petite collectivité comptant un grand nombre de familles nombreuses, il y existe un fort sentiment d’appartenance et de solides liens familiaux. En raison du faible nombre de jeunes dans la collectivité, les athlètes devaient souvent jouer avec les mêmes coéquipiers pendant toutes les années de leur scolarité, et les relations entre les entraîneurs et les athlètes étaient soutenues par ces liens très étroits. Les entraîneurs ont souvent été considérés « comme des membres de la famille ». Il existe aussi d’importants antécédents liés aux sports dans les familles, ce qui a créé des legs sportifs.
  3. Entraînement – Cinq principales mesures prises par les entraîneurs :
  • Ils font progresser leurs équipes au fur et à mesure que les athlètes vieillissent au lieu de toujours entraîner un groupe du même âge
  • Ils ont tenté délibérément d’augmenter l’accès aux espaces de loisirs (terrains et gymnases) pour faire des pratiques et des jeux, en mettant l’accent sur les compétences fondamentales au lieu de le mettre sur les compétences techniques
  • Ils faisaient des parties prévues de façon régulière contre des concurrents de niveau supérieur
  • Ils ont fait venir des entraîneurs experts de l’extérieur de la collectivité
  • Ils ont créé de grands rassemblements communautaires axés sur des manifestations sportives.

 

Thème 3 – Influences socioculturelles : Normes culturelles et processus sociaux liés aux sports.

Sous-thèmes :

  1. Traditions sportives – La collectivité dans son ensemble était présente et engagée de façon intensive dans les manifestations sportives locales grâce auxquelles les athlètes et les entraîneurs se sont bien développés. L’accent a été mis sur des traditions sportives communautaires (événements) pour célébrer les succès.
  2. Modèle de comportement – Il y avait un consensus au sein de la collectivité que le sport était essentiel. On y trouvait aussi une forte tradition de jeux de perfectionnement et de compétitions regroupant des joueurs de tous les âges, les athlètes étaient respectés et les leaders participaient aux activités. Beaucoup d’apprentissage des jeunes athlètes qui voyaient les athlètes plus âgés qu’eux faire des entraînements non dirigés afin d’améliorer leurs compétences individuelles.
  3. Fierté au niveau de la collectivité – Des locutions comme le sentiment communautaire, l’esprit communautaire, le sentiment d’appartenance à une collectivité, la fierté communautaire et la collectivité considérée comme une famille montraient l’importance de ce facteur. Le fait d’être membre de la collectivité faisait partie intégrante de l’identité de l’athlète, soutenue et décidément cultivée par les entraîneurs, les familles et les autres membres de la collectivité. Le respect envers les entraîneurs et les athlètes plus âgés a également été cultivé. La collectivité a souvent contribué afin d’aider les équipes sportives en fournissant des moyens de transport, en payant des frais pour les personnes qui n’avaient pas les moyens nécessaires ou en faisant du bénévolat.
  4. Rivalité entre les collectivités – De concert avec la fierté au niveau de la collectivité, il existe la rivalité avec d’autres collectivités, une collectivité voisine en particulier. La rivalité fait partie de l’identité d’une collectivité et était considérée comme étant stimulante et agréable.

 

En conclusion, selon les auteurs, le développement de l’athlète ne peut pas être compris entièrement au niveau individuel, mais il doit être intégrateur et large de manière à inclure des systèmes plus grands (sociaux et physiques) au sein desquels les athlètes peuvent se développer.