Les blessures au LCA chez les femmes : facteurs de risque et prévention

Author: 
Lily Dong, SIRC

Mercredi, Octobre 4, 2017 - 10:30

Le ligament croisé antérieur (LCA) est un des ligaments à l’intérieur de l’articulation du genou qui lie le fémur (os de la cuisse) au tibia. Il restreint le mouvement avant du tibia pour l’empêcher de trop glisser vers l’avant, et il contribue à la stabilité de la rotation du genou.

Les entorses et les déchirures au LCA sont parmi les blessures au genou les plus courantes. De plus, les femmes sont de 2 à 10 fois plus susceptibles de subir cette blessure que les hommes. Bien que ces blessures puissent survenir suite à un contact, 80 % ne sont pas attribuables à ceci. Elles se produisent souvent lors d’une décélération soudaine, d’une mauvaise chute ou de mouvements brusques, habituellement lorsque le genou est à sa pleine extension ou presque. Le processus de réhabilitation est relativement long et peut mettre fin à une saison de sport entière, en plus d’avoir des séquelles permanentes au genou. En raison du nombre grandissant de femmes dans le sport et de blessures au LCA (sans mentionner la sévérité de la blessure), les chercheurs ont essayé de comprendre pourquoi les femmes sont plus à risque que les hommes et quelles mesures préventives peuvent être prises.

La différence entre les femmes et les hommes

Anatomie

  • L’angle Q (qui comprend l’angle de la ligne imaginaire entre les hanches et les genoux) est plus prononcé en raison de bassin plus large des femmes.
    • Le fait que les angles Q sont plus prononcés chez les femmes entraîne des valgus au genou (flexion intérieure du genou) et d’autres blessures au genou.
    • La mesure statique de l’angle Q ne permet toutefois pas de prévenir les valgus au genou dynamiques ou les risques de blessure au LCA.
  • LE Nœud fémoral et LCA sont plus petits chez les femmes.
    • Certaines personnes croient qu’un plus petit LCA est plus faible qu’un gros.
    • Il n’y a pas de lien direct entre la taille du LCA et le taux de blessure.

Hormones

  • Estrogène
    • Des observations contradictoires ont été faites sur l’effet de l’estrogène et les fluctuations de relaxine sur la faiblesse du LCA et le contrôle neuromusculaire.

Contrôle neuromusculaire : C’est probablement l’aspect qui a le plus d’influence sur les risques de blessure, mais aussi le plus modifiable.

  • Quadriceps – Déséquilibre des ischio-jambiers.
    • Lorsque le genou est fléchi à moins de 30 à 45 degrés, la contraction des quadriceps (muscles sur le devant de la cuisse) augmente la pression sur le LCA en tirant sur la partie antérieure du tendon de la patella du tibia; c’est le même mouvement que le LCA empêche de faire.
    • La contraction des ischio-jambiers (muscles derrière la cuisse) compresse l’articulation du genou et soutient le LCA lorsqu’il subit cette pression du côté antérieur.
    • Les femmes activent leurs quadriceps beaucoup plus que leurs ischio-jambiers contrairement aux hommes; ce déséquilibre crée plus de pression et moins de soutien au LCA.
  • Muscles médiaux : déséquilibre des muscles latéraux.
    • En décélérant après un saut, les femmes travaillent leurs ischio-jambiers latéraux quatre fois plus que les hommes.
    • Les femmes ont aussi des quadriceps médiaux relativement plus faibles.
    • Plus la contraction des muscles est forte sur le côté latéral (partie extérieure de la jambe), plus le risque de valgus au genou est présent.
    • Un valgus au genou peut être assez fort pour déchirer le LCA.

Prévention

Dans le cadre d’un récent examen systématique de divers programmes d’entraînement neuromusculaires et de l’effet de blessures au LCA, des chercheurs ont conclu qu’il n’y avait pas assez de preuves statistiques pour appuyer une mise en œuvre globale. Cependant, le risque général lié à un programme de prévention est assez bas, et de nombreuses études n’ont pas présenté un écart statistique important après qu’une personne ait suivi un programme de manière à établir une tendance sur le taux de blessure.

Les entraîneurs et soigneurs au soccer et dans d’autres sports utilisent des programmes d’entraînement neuromusculaires pour gérer les facteurs de risque, p. ex. genoux et hanches fléchis lorsqu’on atterrit, valgus au genou, déséquilibres, manque de compétences. Les programmes qui ont été mis en œuvre dans le cadre d’études sont variés, mais ils mettent souvent l’accent sur des points semblables :

  • Fléchir les genoux et les hanches lorsqu’on atterrit et qu’on fait des mouvements brusques.
    • Lorsque les genoux sont fléchis, la ligne de tension des ischio-jambiers aide davantage le LCA.
  • Éviter un valgus au genou lorsqu’on atterrit ou que l’on fait un accroupi.
  • Augmenter la force des ischio-jambiers et les abducteurs des hanches.
  • Enseigner la bonne technique de décélération.
    • Faire plusieurs petits pas au lieu d’arrêter avec un pied.

Le programme de prévention de blessures et d’amélioration de la performance est un programme de prévention courant utilisé par les entraîneurs de soccer et les soigneurs qui comprend la force, la flexibilité, l’agilité, l’équilibre et la pliométrie. Il a été développé par la Fondation de médecine sportive de Santa Monica. Il est bien connu sous son nom anglais : PEP Program. Le programme comprend aussi des modifications pour les athlètes de moins de 12 ans. Peu importe l’âge, les athlètes et les entraîneurs devraient mettre l’accent sur la bonne technique.

La pliométrie est un des éléments les plus importants d’un programme de prévention, mais pour qu’un programme d’entraînement neuromusculaire soit le plus efficace possible, il devrait comprendre plusieurs stratégies d’entraînement. Comme un effet neuromusculaire peut prendre de six à huit semaines avant de se manifester, le programme devrait être fait dans la pré-saison.

Sources:
Hewett TE, Myer GD, Ford KR. Anterior cruciate ligament injuries in female athletes. The American Journal of Sports Medicine. 2006; 34(2): 299-311.
Osborne M. (2012). Why do females injure their knees four to six times more than men…and what can you do about it? University of Colorado Health.
Silvers HJ, Mandelbaum BR. Prevention of anterior cruciate ligament injury in the female athlete. British Journal of Sport Medicine. 2007; 41(Suppl1): i52-i59.
Stevenson JH, Beattie CS, Schwartz JB, Busconi BD. Assessing the effectiveness of neuromuscular training programs in reducing the incidence of anterior cruciate ligament injuries in female athletes. The American Journal of Sports Medicine. 2015; 43(2): 482-490.

À propos de l’auteure : Lily est une étudiante de 4e année dans le programme de kinésiologie à l’Université Western. Son expérience athlétique est dans la nage synchronisée et elle continue sa participation dans le sport comme entraîneuse et comme nageuse sur l’équipe universitaire.